jeudi 9 mai 2013

Les secrets du métro de Prague


De mes presque cinq années à New York, un de mes souvenirs saillants est le métro: organisé, propre (relativement), fiable et sécurisé. Prague dispose aussi d'un réseau de transport en commun très étendu, mais principalement basé sur les trams en surface. Il y a néanmoins 3 grandes lignes de métro, A,B et C, aussi identifiées par leur couleur: A est vert, B est jaune et C est rouge. En voici une carte.



L'histoire du métro à Prague commence durant le 19e siècle avec une proposition de Ladislav Rott en 1898 , mais à l'époque le tram lui est préféré. Son idée était que, tant qu'à faire des trous partout pour mettre des égouts, pourquoi ne pas creuser un peu plus et construire un métro, à l'image d'autres grandes capitales européennes telles que Londres, Paris, Berlin ou Budapest.

Quelques années plus tard, en 1926, plusieurs ingénieurs reviennent à la charge avec des propositions concrètes, un tracé proche du tracé moderne, et même un plan de circulation des voyageurs: initialement, chaque rame devait être encadrée par deux quais: un d'embarquement d'un côté et un de débarquement de l'autre. Ce procédé est aujourd'hui connu comme la "solution espagnole."

Il faudra attendre 1931 et des problèmes de circulation routière pour que le premier appel d'offre soit formulé. La voiture et son utilisation urbaine s'intensifie et Prague rencontre de plus en plus de problèmes liés aux milliers de véhicules présents. L'appel d'offre abouti, et trois firmes le remportent. Mais il n'y aura jamais aucun travaux.

En 1939, les sociétés de transport sont prêtes, mais la deuxième guerre mondiale interrompt le projet.

Fast-forward jusqu'en 1960, puis en 1967: les premiers travaux de la future ligne C commencent. Le premier tronçon entre Sokolovská (aujourd'hui Florenc) et Kačerov est inauguré en 1974. La deuxième ligne (A) ouvre en 1978 et la troisième (B) en 1985. La ligne C est prolongée en 2008, et il est prévu que l'extension de la ligne A, actuellement en construction, soit finie en 2014.

Durant la période communiste, les lignes les plus profondes acquièrent un nouveau rôle: abris en cas d'urgence. Par exemple: guerre nucléaire. Dans la station de Dejvická, regardez dans la direction de la ville: il y a une grande porte carrée ouverte. En cas d'alerte, cette porte - et toutes les autres sur le réseau - peut être fermée pour transformer les stations en bunker hermétique.

Ces bunkers font partie du "Système de Protection du Metro" (ici pour quelques photos et un texte en Tchèque). Les tunnels les plus profonds sont même prévus pour accueillir les populations, la station de Staroměstská en est un exemple.

La majorité du métro a été construite lors de la période communiste. Lors de la libération en 1990, noms, décorations, oeuvres d'art ont été remplacés, pour faire oublier cette période sombre de l'histoire de la République Tchèque.

  • Leninova, la station de Lénine devient Dejvická du nom du quartier de Dejvice
  • Sokolovská faisant référence à la bataille de Sokolovo, devient Florenc du nom du quartier alentour
  • Moskevská, la station de Moscou, devient Anděl (l'ange)
  • Švermova, la station de Jan Šverma, un haut dignitaire communiste tchécoslovaque, devient Jinonice du nom du quartier alentour
  • Dukelská faisant référence à la Bataille de Dukla devient Nové Butovice du nom de cette banlieue de Prague
  • Fučíkova, la station de Julius Fučík devient celle de Nádraží Holešovice
  • Gottwaldova, la station de Klement Gottwald, premier président communiste de la Tchécoslovaquie, devient celle de Vyšehrad
  • Mládežnická, la station des Jeunesses communistes, devient Pankrác du nom du quartier alentour
  • Primátora Vacka, la station de Václav Vacek, maire de Prague entre 1946 et 1954, devient celle de Roztyly
  • Budovatelů, la station des « Bâtisseurs » (sous-entendu : « du Socialisme ») devient Chodov du nom du quartier alentour
  • Družby, la station de « l'Amitié » (sous-entendu : « entre les pays frères ») devient Opatov du nom du quartier alentour
  • Kosmonautů, la station des cosmonautes, devient Háje, du nom du quartier alentour
(rappel historique: un "cosmonaute", c'est un Russe qui va dans l'espace, un "astronaute", un Américain qui va dans l'espace et un "spationaute" un Francais qui va dans l'espace).

Il reste quelques vestiges des noms ou des décorations précédentes, ainsi la station d'Anděl conserve une partie des mots "Moskva/Praha" dans sa partie sud. D'autres restes existent mais sont souvent cachés derrière une échoppe ou un commerce.

Le métro de Prague est aussi le sujet de quelques légendes  comme la présence d'une station/bunker, ou l'existence d'une ligne secrète pour évacuer le gouvernement en cas d'attaque. Une autre légende concerne le sabotage des premiers trains, pour favoriser le fournisseur russe. Cette dernière est fausse, car les voitures ont été commandées avant les "mystérieux accidents".

Plus d'information

Le site de Wikipedia a une page sur le métro de Prague. Le site expats.cz a consacré deux articles au métro  1 et 2.


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