lundi 13 mai 2013

Chasse à l'oeuvre : Un trésor liégeois en Bohème

Il s'agit d'une belle histoire policière. Un vrai thriller artistique.

Nous sommes en 1984. Un businessman américain, Danny Douglas, propose à l'Etat, toujours Tchécoslovaque et encore communiste, de leur racheter une oeuvre d'art pour 250.000 dollars et de la sortir du pays. Il ne dévoile pas la nature de l'oeuvre mais dit simplement qu'il ne s'agit pas d'une oeuvre du patrimoine local, que personne ne l'a vue depuis longtemps car elle a été cachée durant la seconde guerre mondiale, et que personne ne remarquera son départ/absence ni ne la regrettera. L'Etat est tenté car en besoin de liquidités mais lance quand même une petite équipe de policiers sur la piste de l'oeuvre dans l’espoir de l'identifier et d'être sûr de ne pas se faire rouler.




Une vraie chasse à l'oeuvre d'art commence au départ de bien peu de renseignements, une vague localisation, à savoir en Bohème à environ 150 km de Nürnberg. De quoi s'agit-il ? Une peinture, une sculpture, un meuble ? Aucune indication à ce sujet. Sa date de naissance ? Inconnue aussi. Ses dimensions ? Pas de réponse.

Passons sur les détails des recherches de František Maryška et sa petite équipe. Dignes d'un roman. L'horloge tourne à toute vitesse car il s'agit de découvrir de quoi il s'agit avant que l'acte de vente ne soit signé. Après plus d'un an de recherches et in extremis, l'équipe finit par identifier l'oeuvre quelques jours à peine avant la signature.

Il s'agit du reliquaire de St-Maur, appartenant à la famille ducale des Beaufort-Spontin originaire de Florennes et dont les descendants s'installèrent à Bečov en Bohème, avec ce précieux trésor transmis de génération en génération depuis le 13e siècle.

Le reliquaire, de la mouvance artistique rhéno-mosane, fut commandé pour abriter les reliques du saint, reçues en cadeau de l’archevêque de Reims en 1051.




Notons à ce propos qu'une recherche ADN des ossements conservés dans le reliquaire a dénombré au moins 4 personnes différentes, dont une femme...

Grâce à la ténacité des investigateurs, le contrat n'est pas signé et l'oeuvre est déclarée patrimoine national. Il s'en est fallu de peu que l'Etat ne se fasse rouler car le businessman avait trouvé un acheteur prêt à débourser 8 millions de dollars !

Pour plus d'infos et de magnifiques photos de l'oeuvre sous tous les angles, voyez le site:
http://www.svatymaur.cz/en/introduction.html, qui explique la restauration de l'oeuvre fortement endommagée par son enfouissement sous terre et permet de visualiser les détails en cliquant sur certaines parties. Très bien fait !

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