vendredi 28 mars 2014

Rendons à David Černý

Dans l'article consacré au resto du Musée Kafka, j'ai évoqué les deux Mannenkenpis plus que grandeur nature dans la cour du complexe.


Honte à moi, j'ai oublié d'en mentionner l'auteur qui n'est autre que David Černý, dont nous avons souvent parlé. Heureusement qu'une fidèle lectrice de Pragabondage et très sympathique Pragoise d'adoption m'a fait part de cet oubli.

Je vous livre ici ce qu'elle m'écrit :

Quote
Pour compléter éventuellement ton information concernant les deux “Mannenpis” praguois de 2,10m, je rappellerai qu’il s’agit d’une oeuvre de David Černý dont tu connais les bébés de la tour de la télévision et du Park Kampa, Entropa, les immenses révolvers (qui étaient visibles dans un petit musée près du Pont Charles hélas fermé aujourd’hui), Viselec (l’homme pendu et barbu à lunettes (souvent comparé à Sigmund Freud) qui se tient d’une main au-dessus de la rue Husova., le cheval de St Wenceslas de la galerie Lucerna, le « bus rouge londonien à biceps » (exposé à Londres lors des jeux olympiques, puis sur la grand’place de Prague pendant très peu de temps ….
Unquote

Elle ajoute le lien vers deux sites, dont celui de l'artiste même :
http://www.davidcerny.cz/ et http://www.toutsurprague.fr/david-cerny.php
N'hésitez pas à piocher dans ces sites pour découvrir l'humour et l'opinion de ce trublion de l'art contemporain tchèque.

Extrait d'un site (en anglais) qui explique que l'on peut, par SMS, commander aux deux pisseurs une phrase de son choix. Super ! Le bassin dans lequel ils pissent a la forme de la Tchéquie... David Černý a le sens du détail qui tue.

Quote
The idea is disarmingly simple. Two bronze sculptures pee into their oddly-shaped enclosure.
While they are peeing, the two figures move realistically. An electric mechanism driven by a couple of microprocessors swivels the upper part of the body, while the penis goes up and down. The stream of water writes quotes from famous Prague residents.

Visitor can interrupt them by sending SMS message from mobile phone to a number, displayed next to the sculptures (+420 724 370 770). The living statue then ‘writes’ the text of the message, before carrying on as before.'
Unquote

A essayer un de ces jours. Mais quelle phrase choisir ?





mercredi 26 mars 2014

Beuron

Lorsque l'association De Lantaarn (voir posts précédents) organise une visite, elle met l'accent sur la belgitude de l'endroit (au sens très large et très étiré du terme). Par une belle après-midi de printemps, les néerlandophones de Prague découvrent le couvent Saint-Gabriel et son église de Notre-Dame-de-la-Visitation. A l'origine les deux communiquaient, mais plus aujourd'hui.

Portail d'entrée de l'église. Son gable est en attente d'un Gabriel

Rassemblement des troupes

Pour mesurer l'ampleur de ma découverte, petit retour en arrière. Il était une fois une abbaye à Beuron, en Bavière. Fondée au XIe siècle, elle finit par se vider de ses occupants, essentiellement à cause de Napoléon. Mais en 1862, une mécène allemande décide de la repeupler. Succès. Une quarantaine d'abbayes bénédictines de type Beuron naissent de par le monde, mues par un même élan artistique: l'école de Beuron. Dont notre bonne abbaye de Maredsous ! Les moteurs de cette école artistico-religieuse furent le Père Desiderius (Peter Lenz) et Gabriel Wuger. Sans oublier tous les moines bénédictins qui ont prêté leurs talents à d'autres abbayes, comme Jan Verkade, fils du fondateur de la célèbre biscuiterie.

L'intérieur de l'église. Quel magnifique dessin !
Si la plupart des abbayes de type Beuron se trouvent en Allemagne et en Autriche, Prague n'a pas à rougir. Elle peut se targuer de 4 patrimoines beuroniens d'envergure : le couvent St Gabriel de cet après-midi, l'église du Sacré Coeur à seulement 100 m de là, le monastère d'Emmaüs et son église post- art-nouveau Ste Anne à "Žižkov" (Prague 3), et l'église de la Sainte famille à "Řepy" (Prague 6).

Le couvent fut fondée par une jeune comtesse, Gabrielle Sweerts-Šporková, qui voulait enter dans un ordre Beuron. Mais rien de Beuron à Prague à l'époque. Et hop ! Avec l'argent de maman elle se fait construire son propre couvent, qu'elle nomme Saint-Gabriel (comme elle...). Malheureusement, elle meurt avant la pose de la première pierre.

Le Saint Gabriel, refait à l'identique, en attente de la cérémonie de son replacement sur le gable d'entrée.
Succès du couvent. Mais après l'avènement de la première République Tchécoslovaque (1918), les soeurs revendent l'abbaye à bon prix au ministère des postes et télécommunications, sous condition que l'église continue à servir aux offices. Aujourd'hui encore cette condition est remplie chaque dimanche à 11:15. Cet exode est motivé par la pression du premier gouvernement tchécoslovaque sur les couvents abritant des non-tchèques. Le complexe demeure la propriété de la poste tchèque qui l'adapta aux besoins de son administration: faux plafonds, parois en plastique dégueu, fresques masquées par un affreux crépi blanchâtre... Puis la poste migre et les bâtiments sont laissés à l'abandon. La Fondation Malakim essaie de remédier à la situation et de sauver les fresques. Lourde tâche. Voyez les dégâts :



Le cloître recouvert d'un toit

L'art de marier les colonnes d'angle et l'électricité

Et les Belges alors ? Les architectes du Couvent St Gabriel ne furent autres que deux moines de Maredsous : Félix de Béthune et Felix de Hemptinne. Dont acte.

Le canon beuron ? En résumé :
1° nombre d'or : voir l'article sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_d%27or
2° simplicité des formes et des volumes
3° hiératisme
4° couleurs
4° retour aux sources avec influence marquante des différentes antiquités et prédominance de l'égyptienne

Vierge Marie ou déesse Isis ?
Les deux !










Chapiteau de colonne

Des anges

Sainte-Cécile, patronne des musiciens
Cette école artistique a influencé des artistes comme l'architecte Jože Plečnik (voir post précédent), l'illustrateur Alfons Mucha ou le non moins célèbre Gustav Klimt.

Fin de partie dans l'ancien réfectoire devenu salle des fêtes de la Poste. L'ambassadeur des Pays-Bas nous offrira une boisson sur le parvis de l'église.






dimanche 23 mars 2014

La Version du Loup

Pour ses étudiants (mais pas que pour eux), le lecteur du Centre Universitaire Wallonie-Bruxelles de Prague (Institut d'Etudes romanes de l'Université Charles) organise très régulièrement des rencontres avec des artistes francophones belges ou ayant un lien avec la Belgique (comme y travailler).


Vue de la classe vers le vieux cimetière juif


Cette semaine, rencontre avec Ann Sirot, réalisatrice de courts métrages en tandem avec Raphaël Balboni.



Vous l'aurez compris, le loup c'est celui du Petit Chaperon Rouge. Ann Sirot, nous parle de la genèse du court métrage, depuis ce thème archi-connu que l'on peut lire à plein de niveaux différents en passant par les livres qui l'ont inspirée. Elle nous parle aussi des techniques de cinéma comme le travelling et les problèmes qui surgissent avec les câbles quand on filme en travelling circulaire et enfin nous présente en images les cinéastes belges de la génération montante.

Si vous voulez entrer dans son univers décalé, poétique, où le loup n'est pas celui que l'on croyait connaître, voyez le trailer du film sur le site des artistes : http://www.sirotbalboni.com/www.sirotbalboni.com/vs_loup.html

Cerise sur le gâteau, la musique de Django Reinhardt qui ponctue ce court essai sur le passage à l'âge adulte et la relation amoureuse. Un duo de cinéastes à suivre.

mercredi 12 mars 2014

Orgue et violon

Afin de promouvoir l'image de la Belgique, l'ambassade organise divers événements, dont quelques concerts où sont invités les officiels tchèques, les collègues des ambassades et les Belges du coin.

Cette fois-ci, c'est le Duo Landini qui est invité à se produire : Jenny Spanoghe (violon et alto) et Jan Van Landeghem (orgue et piano).

Duo Landini
Le concert se déroule dans l'église du Saint-Sauveur. Difficile de prendre une photo "dégagée" de l'église car elle est étroitement enserrée dans le tissu urbain dense de la vieille ville. 


Cette église évangéliste très sobre a été choisie car l'orgue vient d'être magnifiquement restauré grâce à des fonds européens.

Photo : Kaja Curtis
Au programme, un "peu de tout", de quoi satisfaire les goûts musicaux de chacun, depuis la stricte architecture de "notre" Bach (Prélude et Fugue en Sol Majeur puis Seconde Suite pour violon en ré mineur) en passant par Buxthehude, Vivaldi, Mendelssogn et Hindemith. Souvent des oeuvres pour violon et orchestre mais réarrangées pour violon et orgue, l'orgue "remplaçant" l'orchestre.


Photo : Kaja Curtis

Photo : Kaja Curtis
Comme les deux musiciens jouent du jubé, un écran géant a été placé dans le choeur afin que les spectateurs puissent quand même voir les artistes à l'oeuvre. Cette manière de faire a vraiment apporté un grand plus.

Photo : Kaja Curtis
Pour terminer le concert, une oeuvre de Jan Van Landeghem himself, "Les étoiles et le renard", inspirée du Petit Prince. Oui, l'essentiel est invisible pour les yeux.

dimanche 9 mars 2014

Hergetova Cihelna




Après le Palais Palffy, on passe dans une autre catégorie, avec le resto attaché au complexe du Musée Kafka, Hergetova Cihelna.




Cuisine internationale, ambiance sobre et moderne sous plafond voûté et surtout magnifique vue sur le Pont Charles.





L'adresse vaut sans doute plus pour le cadre et la vue que pour l'originalité de sa cuisine, même si on y mange plus que correctement. Sans oublier les deux "Mannenkenpis" pragois au milieu de la cour, sculptures mobiles où le zizi de ces messieurs monte et descend, tourne à gauche, tourne à droite... Une étape plus loin que le symbole de Bruxelles, certes statique mais avec de biens beaux habits...




Nous avons scruté les jets d'eau pour voir si, à tout hasard, ces messieurs essaient d'écrire quelque chose dans l'eau. Apparemment, non.


mercredi 5 mars 2014

Palais Palffy

Ces derniers jours ont été "socialement" ou "mondainement" bien occupés. Il sera donc question de 2 nouveaux restos de notre liste "à essayer" et d'un concert organisé par l'ambassade.

Le Palais Palffy, magnifique exemple d'architecture baroque, date du 18 siècle et comme tant d'autres bâtiments, il a, au fil du temps, subi bien des rénovations/remises au goût du jour et occupé bien des fonctions. Il a ainsi abrité les archives de la marine (?) ou celles du Ministère de l'Intérieur.

Aujourd'hui il est loué au Conservatoire, en compensation de la place perdue par ce dernier lors de la rénovation du Rudolfinum, dont nous avons déjà parlé. En été, les clients peuvent profiter d'une belle terrasse avec vue imprenable sur le Château, les jardins du palais et le Petit Palais Furstenberg.


Dès l'entrée, le lieu est musical. On entend de la musique venir de partout. Les étudiants répètent. Et cette musique vous accompagne quand vous vous enfilez les deux immenses volées de l'escalier d'honneur qui mènent au resto. Là, il n'est pas rare de voir les étudiants luncher. Car les prix sont modestes. La nourriture, fraîchement importée d'une ferme de la région, est préparée en toute simplicité, en respectant le produit.
Longues nappes blanches, serviettes assorties, chaises de velours aux couleurs passées, mobilier disparate, stucs décoratifs, boiseries dorées, grands miroirs et lustres en cristal, le lieu a le goût d'un luxe d'antan qui veut se maintenir à tout prix malgré le manque de moyens. En d'autres mots, un lieu suranné, au charme fou. Un lieu à adopter comme "cantine", même avec des invités business.