mercredi 31 octobre 2012

La maison de Charles ...

Ou, dans le vernaculaire local, La Casa de Carli. Oui, il s'agit - vous vous en doutez - d'un restaurant italien. En fait, la maison de Matteo De Carli, chef au parcours international.

Il y a à Prague, quelques journaux en anglais, le plus connu étant l'hebdomadaire Prague Post, qui propose l'actualité du crû traduite pour les personnes qui ne lisent pas le tchèque. Et comme dans tout canard qui se respecte, la rubrique gastronomique tient une pleine page, agrémentée de quelques recettes.

Donc cette fois-ci, il s'agit de la Casa de Carli. Et nous décidons de ne pas cuisiner (pour une fois). Cela nous changera du chou ou de la potée au poireaux.

Comme la ligne 22 qui nous fait descendre jusqu'à Malostranska est déviée, nous prenons le métro, direction Starometska, près de la place avec le vieil hôtel de ville. Direction le vieux cimetière juif, à droite dans Siroka et nous y voilà rapidement.


Photo : Walter Novak
Première constatation: c'est vide! Nous sommes les premiers clients de la soirée. Et il est 19h. Nous nous regardons: un restaurant vide, ce n'est jamais bon signe. Laissons leur le bénéfice du doute. le temps est exécrable ce samedi, avec la neige, la pluie glaçante qui pique la peau. Bref, un temps à rester chez soi au fond de son lit avec une tasse de thé. Le serveur nous dirige, dans un anglais correct, vers notre table et nous apporte les menus, ainsi qu'une page photocopiée avec la liste des vins.

Prague est au milieu des terres: ni le poisson ni les fruits de mer ne sont des spécialités, et donc votre fidèle conteur est en manque. Le menu indique aussi de la burrata, ce qui fait pétiller les yeux de madame. Notre repas est décidé: burrata et tomates cerises suivies du lapin pour elle, monsieur opte pour la soupe de poisson et les pâtes aux fruits de mer.

Le serveur nous apporte un peu de pain maison tout chaud avec trois petits godets: tomate, huile d'olive et sauce au thon. Fort bon. En particulier la sauce au thon, crémeuse et goûtue à souhait. Notre entrée arrive.

Les tomates ne sont pas assaisonnées, et la soupe de poisson ... le poisson semble frais, mais le jus fait plus boîte qu'autre chose. Mais la burrata est très bonne.

D'autres clients se présentent. Nous entendons parler majoritairement anglais. J'ai un commentaire: probablement des lecteurs du Prague Post qui viennent vérifier l'article. Tous les serveurs parlent convenablement anglais. Endroit pour touristes?

La suite de notre repas arrive: là, silence. Le lapin est fort bon, les pâtes fraîches délicieuses. Nous apprécions. Chantal agrémente son bestiau d'un verre de Chianti - piquette du patron qui semble avoir été allongée à l'eau pour en faire passer le goût de vinaigre.

Une fois le secondo piatto terminé, nous optons pour un petit dessert avant de repartir. Madame choisit - ironiquement je le pense - un diplomate, tandis que je pars sur une mousse de châtaigne.  Ils arrivent: ma mâchoire inférieure descend de 20 cm: les parts sont minuscules: deux cuillères à café. Et encore. Mais c'est acceptablement bon.

Nous demandons l'addition: très raisonnable à nos yeux, mais je pense que dans la gamme tchèque, cela doit faire partie des restaurants coûteux.

En conclusion: un chouette petit endroit, où il faut venir pour les plats principaux, pas pour les entrées. Les desserts? Il y a de très bonnes pâtisseries et marchands de glace à un jet de cookies.

En rentrant à la maison via le quartier juif (Josefov), nous passons devant la synagogue espagnole et l’intrigante sculpture de Jaroslav Rona qui rend hommage à Kafka.

La sculpture de Jaroslav Rona
Le lieu choisit pour placer cette sculpture de 4 m de haut est éminemment symbolique, puisqu'il marquait la frontière topographique et mentale entre la vieille ville chrétienne et la ville juive "médiévale". Hommage érigé en 2003 pour fêter les 120 ans de la naissance de FK.

Voici ce que confie le plasticien tchèque à propos de son oeuvre : "J'ai voulu que la statue exprime le déchirement, la division intérieure que l'on trouve dans les textes de Kafka. Alors j'ai décidé de faire deux personnages. Je me suis inspiré de sa nouvelle 'Description d'un combat'. C'est l'histoire de deux personnes, qui font connaissance dans une soirée, quelque part près de Petrin à Prague. Ils se promènent, traversent le pont Charles et dans la Vieille-Ville, celui qui s'appelle K. monte soudainement sur les épaules de son interlocuteur jusqu'à présent admiré. Il l'apprivoise et le prend pour un cheval. Ils traversent des paysages imaginaires, qui naissent dans l'esprit du cavalier."

lundi 29 octobre 2012

En attendant les taquets


A nouveau, un grand silence.... Nous essayons toujours de résister à la facilité de la voiture et  d'organiser notre vie quotidienne au mieux en fonction des transports en commun et de la localisation de "nos" magasins favoris.  Nous y arrivons bien sûr mais cela nous prend beaucoup de temps et nous rentrons tard le soir avec une seule envie : un souper rapide et au lit. 

Quelques caisses se sont vidées depuis le dernier post mais il nous manque toujours des taquets pour finaliser le montage des bibliothèques. Il n'est toujours pas agréable de vivre au salon : toujours pas de rideaux, pour s'éclairer juste une maigre ampoule au bout d'un vilain fil électrique noir et des caisses de livres partout. Les rideaux sont promis pour lundi prochain, sauf ceux du salon...

Nous avons commandé tout le mobilier et accessoires dont nous avons besoin mais la livraison se fait attendre, y compris pour les lampes de plafond et de parquet. Si tout va bien, livraison prévue juste avant Noël. Cette vertu qu’est la patience n'entrait pas dans notre vocabulaire à New York, mais ici, elle revient au grand galop. A part louer une camionnette et partir au dépôt au Danemark chercher les meubles nous-mêmes, que pouvons-nous faire pour changer cette situation ? Alors nous attendons et nous mettons au lit pour lire.

Parmi nos lectures, "Gottland" de l'auteur polonais Mariusz Szczygiel (paru en français chez Actes Sud). Une belle introduction à la manière de vivre et de penser des Tchèques au travers d'une série d'histoires vraies pour lesquelles l'auteur a fait de nombreuses recherches, notamment dans les archives de la police secrète au temps des communistes. Sur la pile également, un essai de l'auteur tchéco-britannique Benjamin Kuras "Czechs and balances - A nation's survival kit".

Nous n'avons rien exploré de spécial pendant tout ce temps, à part la ligne 22 (tram), histoire de voir quelles grandes surfaces jalonnent cette ligne qui passe à un saut de puce de la maison. Terminus : Bílá Hora. Le terminus même que j'avais déjà utilisé il y a plus de 20 ans pour visiter Prague en touriste. Nous avons essayé de retrouver la maison de Milena, la dame qui nous avait accueillis dans son "B&B" mais le coin a été tellement construit que mes souvenirs n'ont pu retrouver sa maison. 

Terminus de la Ligne 22 - Bílá Hora
Autre évènement, un business lunch à la Villa Richter, le long des escaliers qui s'élancent vers le château. Une vue époustouflante sur la ville et sa vallée mais un paysage navrant dans les assiettes. Le poisson de mes voisins avait un look carbonisé, ma roulade de poulet baignait dans une mare de purée mousseline aspergée d'une sauce gluante... Un établissement qui se veut "top notch" mais qui est juste bon pour boire un thé à cinq heures ou siroter un apéro d'avant-spectacle tout en contemplant la vue extraordinaire.







Vendredi soir. Le temps est à la neige. Samedi matin, c'est parti. Néanmoins, nous partons courageusement vers un marché bio dont j'ai entendu parler dans la newsletter de la revue de voyages AFAR. Bien nous en prit. Les aubettes sont nombreuses, bien fournies, les produits sont de très grande qualité. Il y a même du poisson. Seul hic : transbahuter les poireaux et les patates dans le métro et remonter vers la maison. Bah, nous n'aurons pas besoin d'aller au fitness le jour du marché...


Samedi 27 octobre - La gloriette du jardin sous la neige.                                                                                                                A noter que c'est le seul "gazebo" cubiste encore debout à Prague...





dimanche 28 octobre 2012

Heureusement que l'hiver approche

car jamais nous ne serons capables de prononcer correctement le mot crème glacée : zmrzlina, 5 consonnes sans voyelles pour commencer le mot, c'est sportif.

Parfois un mot facile à retenir comme sobota, samedi. Donc en attendant de connaître par coeur tous les jours de la semaine, nous ferons tout livrer le samedi...

Jeudi est pas mal non plus : čtvrtek. Et notre arrêt de tram est sympa aussi : Královský letohrádek, ce qui signifie Jardins royaux. En bas de la rue, la station s'appelle Hradčanská.

Dans les magasins, on s'en sort comme on peut en montrant, en griffonnant, en mimant, façon rébus ou mime Marceau.  Jusqu'à présent, nous avons reçu ce que nous voulions. Outre les traditionnels salutations et remerciements, la première phrase que nous avons apprise ce fut bien sûr "Désolé, je ne parle pas tchèque".

Notre électroménager sera livré samedi prochain. Oui, nous avons dû racheter l'essentiel car on change de voltage et de fréquence de 110 à 220 V et de 60 à 50 Hz. Si notre télé ou l'ordi acceptent volontiers les deux voltages, il n'en va pas de même avec le petit électro.

Ce vendredi était un jour de congé officiel en République Tchèque : Fête nationale. Long week-end où nous avons rongé notre frein car les meubles ne sont toujours pas livrés/montés et nous ne pouvons toujours rien déballer.

Nous essayons aussi de résister à la tentation voiture. Nous avons décidé de nous en passer et devons assumer le fait que tout est fait pour les gens voiturés : centres commerciaux et magasins genre Brico loin en dehors de la ville et peu voire pas de livraisons à domicile. Dans le tram, quand nous transportons les "grosses courses", les gens nous regardent comme des pouilleux. Dans six mois on en rira mais pour le moment ça galère ferme.