mercredi 2 juillet 2014

Le quartier Baba

Une promenade avec l'association De Lantaarn nous mène aujourd'hui dans ce coin très spécial de Prague, dit le quartier Baba. Sa dénomination provient du nom d'une tour en ruines à son extrémité, la tour Baba. Après les lignes ondulantes de Prague la gothique et de Prague la baroque, nous plongeons dans la Prague fonctionnaliste, avec ses lignes droites et ses volumes simples. La quarantaine de villas sur cette colline de Prague jouissent d'une splendide vue sur la ville.



Photo : Piet Schepens
Avec comme modèle le Werkbund allemand, un projet du gouvernement né en 1907 et visant à combiner les arts traditionnels avec les techniques de production de masse (et qui donnera naissance à la fameuse école du Bauhaus), un Czech Werkbund voit le jour en 1920. Il décide en 1928 de construire des maisons unifamiliales de 1 ou 2 étages dans le quartier de Baba, sous la supervision de l'architecte Pavel Janák, qui dessine également le plan des rues. 

Le quartier en construction
Trois générations d'architectes tchèques concevront les maisons. Parmi les plus anciens on retrouve Janák et Gočar (venant du cubisme), parmi ceux du milieu Jan Linhart et Oldřich Starý, suivant scrupuleusement les principes puristest du fonctionnalisme et enfin parmi la jeune génération on retrouve quelqu'un comme Ladislav Žák. L'architecte néerlandais Mart Stam sera le seul non-tchécoslovaque parmi les 19 architectes. Et une seule femme : Hana Kučerová-Záveská qui concevra la villa Balling. Nous avons dû la deviner tellement elle est aujourd'hui cernée de hautes haies.

Villa Balling

Le crash boursier de 1929 n'arrange pas les affaires et la construction commence réellement en 1932. Mais entre-temps l'idée de départ (construction standard avec un peu de personnalisation) a radicalement changé et chaque maison sera unique, comme voulue par le client en accord avec l'architecte choisi. Ce "lotissement" qui se voulait abordable et pour tous les ouvriers deviendra un quartier pour Pragois nantis et férus d'architecture contemporaine (médecins, éditeurs, écrivains à succès, artistes en vogue, industriels, fonctionnaires de l'Etat, architectes, ...). Chacun voulait une maison originale et non un "pavillon de banlieue" identique à celui du voisin.


photo (c) Robert Rambousek
Quand la guerre éclate en 1940, le quartier n'est pas tout à fait fini mais reste plus ou moins intact dans une Prague occupée par les nazis. Mais comme on peut le penser, le communisme mettra tout en oeuvre pour faire oublier ce quartier "bourgeois", leur rappelant cette Première République Tchécoslovaque (1918-1938) qu'ils haïssaient tant. 


photo (c) Robert Rambousek
Aujourd'hui peu de maisons ont gardé leur caractéristiques originales. la plupart d'entre elles ont l'objet d'ajouts, parfois massifs, voire carrément de reconstruction. Depuis 1993, le quartier est classé.

Une des villas de Gočar

photo (c) Robert Rambousek
La promenade se termine au bas de la colline, dans un "fleur" de l'architecture stalinienne de luxe, l'hôtel Intercontinental, aujourd'hui Crown Plaza. Le peuple pouvait se loger dans 35m² pour 4 mais en voyage, les dirigeants s'offraient le grand luxe.




La réception

L'entrée du bar Armstrong, où nous boirons une bière à prix d'or

Le plafond dudit bar

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