vendredi 4 juillet 2014

Bohuslav Reynek(1892-1971)

Le Sénat, juste en face du bureau, possède une très belle salle d’exposition installée dans un ancien manège et dévolue principalement aux artistes tchèques.

Les affiches annonçant l’expo Reynek m’interpellent. Même si les sujets sur les bannières, posters et affiches qui ont envahi la ville – souvent en format XXXL - sont essentiellement religieux, je suis quand même attirée par les œuvres, dont un des autoportraits de l’artiste.

Tout ce visuel a conditionné mon cerveau qui s’attend à de la peinture grand format. Quelle ne fut pas ma surprise de constater qu’il s’agit de gravures en format tout petit petit. A tel point petit que des loupes sont vendues ou prêtées à l’entrée. Certaines gravures sont « colorisées ». Je suis soufflée. Quelle œuvre intense, quelle magnifique découverte.
L'intérieur de l'expo
Le sous-titre de l’expo précise « A Czech genius we were supposed to forget ». Et le dépliant d’expliquer qu’il devait s’oublier vu ses origines (lesquelles ? Aucune info à ce sujet) et la charge religieuse de ses gravures.
Bohuslav Reynek 
Le résultat est étonnant, à la limite entre la gravure et la peinture. Une expression forte, ancrée dans la foi. D'ailleurs il est possible d'acheter une bible illustrée de 105 gravures (en reproduction) de Reynek (pour la "modique" somme de 65.000 CZK, soit environ 2.600 €) . Souvent on a qualifié cet autodidacte de berger de l'âme et de la beauté simple.

Scan d'une carte postale


Une reproduction géante (genre 6 x 8 mètres) de l’une de ses œuvres permet de percevoir les milliers de traits gravés dans le métal. Patient travail de bénédictin pour un résultat universel, hors du temps.

Scan d'une carte postale.
On retrouve ici son amour pour les chats

Assis sur un tabouret à côté de la cuisinière familiale, Reynek grave inlassablement ses petites plaques de métal, posées sur ses genoux. Quand le communisme lui confisque ses terres, il survit en devenant berger et tombe dans une pauvreté extrême, comme en témoignent les quelques photos de son « atelier » au coin du feu.

Il publie également de nombreux recueils de poèmes et traduit des poètes français et allemands en tchèque. Durant l'un de ses travaux de traduction, il rencontre la poétesse française Suzanne Renaud. Trois ans plus tard, il l'épouse. Ils reposent aujourd'hui ensemble dans le cimetière de la Sainte-Croix près de Havlíčkuv Brod.


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