jeudi 9 octobre 2014

Une semaine bien chargée

Tout commence lundi soir par un concert où m'invite l'Ambassade de Serbie et intitulé simplement Musique orthodoxe. Dans une (petite) église orthodoxe bien sûr que je n'ai pas encore visitée : celle des Saints Cyrille et Méthode à Prague 2, non loin de la Maison qui danse. Ces deux saints offrent d’ailleurs un jour férié officiel en République tchèque, le 5 juillet.

Bien baroque et si peu jésuite à l'intérieur...
Ce concert rend hommage à une certaine Sainte Kassia, abbesse, poétesse et surtout première femme compositrice  de musique chrétienne (connue à ce jour...). En français Sainte Cassienne de Constantinople, née en 805.  Des compositeurs serbes d'aujourd'hui rendent hommage aux hymnes de Sainte Kassia : Sylva Smejkalová avec Kassia's Bridge, Ivan Moody via The Troparion of Kassiani,  ou encore Jana Vörösova et son Ek Rizis Agathis. La seconde partie est dédiée au Tropario tis Kassianis de Petros Peloponnisio, avec double choeur et deux solistes.




Pour interpréter le tout, deux choeurs de femmes, l'un tchèque dirigé par Kamil Tumová, l'autre serbe dirigé par Marios Christou. Un simple synthé soutient le tout. Suis-je enthousiaste ? Pour être sincère, non. Je trouve les pièces assez monotones et la plupart du temps les voix chantent sur le même rythme même si elles ne sont pas à l’unisson. Les chromatisme et mélisme que j'aime tant ne suffisent pas à emporter mon adhésion. En attendant la fin du concert, je me plonge dans l'or des icônes qui ornent chaque centimètre de l'église.


De nombreux dignitaires religieux sont présents, mais impossible de dire si c'est des patriarches, des métropolites, voire des évêques. Aucune idée de qui s'habille comment. Mais ils sont bien présents, au premier rang. Contraste temporel amusant entre la tenue noire, le chapeau noir et le voile qui en descend (klobouk) ET le smartphone à l'aide duquel ils prennent des photos pendant le concert voire même l'enregistrent... Pas osé faire des photos de cette quasi uchronie de peur de me voir interdire - aussi - le paradis orthodoxe.
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Mardi soir. Cette fois-ci, invitation de l’Ambassade du Maroc pour une soirée de musique soufie marocaine, dans le hall d’entrée du Musée de la Musique. Non, je ne l’ai toujours pas visité. Honte à moi. La salle est pleine, le public est très curieux car d’habitude les ambassades invitent pour de la musique « classique occidentale» interprétée par leurs meilleurs musiciens.

Le public
Ma voisine, sud-africaine, découvre le soufisme, ce courant mystique de l’islam, et son expression musicale. Parmi les variantes du soufisme, il y a les fameux derviches tourneurs ou encore la qawwali, version plus asiatique du soufisme et dont le Pakistanais Nusrat Fateh Ali Khan fut sans doute le plus grand interprète. N’hésitez pas à aller sur YouTube pour l’écouter.

En cours de concert
Ce soir, c’est le tour du soufisme marocain incarné par la chanteuse Karima Skalli et ses musiciens. Au programme un entrelacement de tradition andalouse, de soufisme marocain, d’improvisations et de chant grégorien en arabe. De toute beauté, de toute élégance, des vocalises incroyables, une richesse vocale à faire pâlir La Callas. Je suis un peu étonnée par la présence d’une batterie tout ce qu’il y a de plus moderne et d’un violon bien "classique" de chez nous. Cela apporte-t-il un plus ? Pas à mon avis mais cela n’engage que moi. J’aurais préféré un oud. Mais au-delà de ces détails, fabuleux concert, avec des impros dignes du plus beau jazz, la voix d’ange de Karima Skalli et la flûte prodigieuse de Rachid Zéroual. Pas étonnant qu’il ait gagné un prix de l’Unesco pour sa virtuosité.

Karima Skalli
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Mercredi soir. Changement de genre et de décor : dans le cadre de la Semaine de l'Architecture et à la Faculté d'architecture de Prague, conférence de Pablo Lhoas du bureau d’architecte Lhoas&Lhoas, le deuxième Lhoas étant son frère. La conférence est intitulée "Crime, bricolage et abstraction", titre d'un ouvrage consacré à ce jeune bureau (1994). L'architecte aborde quelques projets, tous dans l'agrandissement ou la rénovation de bâti existant, nous parle de sa manière d'aborder les volumes, de son désamour de la ligne droite et de tout ce qui l'a inspiré dans ces projets, depuis l'assemblage d'un vélo jusqu'à l'anecdote du bas-résille...


L'auditoire est vraiment clairsemé. Il faut que la Semaine du Design bat son plein aussi. Dommage que les organisateurs respectifs ne se soient pas concertés, l’architecture et le design relèvent un peu du même domaine, non ? Le site de ce "mini" bureau d'architecture (8 personnes au total) : www.lhoas-lhoas.com. Allez jeter un coup d'oeil, notamment sur leurs meubles.


Les soirs de la semaine prochaine seront bien chargés aussi puisque commence le Signal Festival ou festival de la lumière et des illuminations. Pendant quatre jours une bonne vingtaine de bâtiments de Prague seront convertis en supports pour couleurs et mouvements. Il y aura aussi des installations "indépendantes" et interactives comme une piscine de lumière dans laquelle nous pourrons "nager". Je me réjouis déjà.

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