mardi 13 août 2013

Vila Tugendhat

Le lendemain de notre visite de la vila Müller, nous voilà chemin pour Brno et la vila Tugendhat. Nous nous réjouissons de la voir car notre guide hier a fait quelques points de comparaison entre ces deux bâtiments, conçus et construits à la fin de années '20.

Vue de la rue
Tugendhat est du à Ludwig Mies van der Rohe, un architecte allemand né à Aachen et mort à Chicago. Il est célèbre à New York pour le Seagram Building. Les Tugendhat sont issus d'une vieille famille d'industriels de Brno.

L'entrée, discrète, se fait à droite de la rotonde vitrée, là où il y a le +
Si Müller est un long parallélépipède rectangle vertical, Tugendhat est horizontal, moins monolithique même si les volumes en sont simples. Le terrain est en pente comme à Prague.

Vue du jardin
Pour une visite virtuelle en 360°, voyez le site suivant :
http://www.jizni-morava.info/virtualni-prohlidky/?id=267

Avant d'entamer le parcours, chaque visiteur pose ses pieds dans un appareil thermo quelque-chose qui scelle une feuille en plastique sur les semelles. En effet - et les Tugendhat s'en sont plaint - le revêtement de sol (un lino très clair) est extrêmement salissant. D'où un minimum de protection nécessaire avec les dizaines de visiteurs par jour.

Mies a conçu la maison de façon "classique" avec un étage à vivre, un à dormir et un technique. A rue, nous trouvons l'étage à dormir avec une chambre distincte pour madame et monsieur et leur dressing respectif. La hauteur sous plafond est impressionnante et les portes ont près de 3 mètres de haut. Les matériaux utilisés pour les revêtements intérieurs sont peu nombreux, essentiellement du travertin, du bois de palissandre et du bois de Macassar.

Escalier vers l'étage à vivre
Ce qui frappe en entrant dans l'étage à vivre, c'est le volume, l'ouverture, la lumière qui entre à flot via d'immenses baies vitrées. Deux de ces immenses vitres peuvent d'ailleurs coulisser via un mécanisme caché dans la cave. Les vitres descendant dans un logement spécial parallèle à la façade.


Le salon
Le salon

























Les nazis et les communistes ont - une fois de plus - fortement endommagé la villa. Peu après WWII, les communistes avaient d'ailleurs transformé le salon en écurie. Ils se rattrapent à la fin des années '60 en entamant timidement une réhabilitation de la villa, tout en mettant des bâtons dans les roues des défenseurs de l'oeuvre de Mies. Ils ne voulaient pas restaurer la maison telle qu'à son origine mais la rendre vivable pour les invités de marque de la ville. Ni l'aspect historique ni le tourisme n'entraient dans leurs objectifs. Heureusement le vent de l'histoire a tourné.

Arrive le moment où les restaurateurs s'attaquent aux baies vitrée du salon. Comme il n'existait plus personne en Tchéquie pour couler ces immenses surfaces (environ 5 x 3 m sur 1 cm d'épaisseur) d'un verre anti-reflet, nouveauté de l'époque, ce fut à une firme belge (cocorico!) que l'on confia le travail d'après un morceau d'une vitrine originale retrouvé dans le jardin. La maison est aujourd'hui classée au Patrimoine Mondial de l'Unesco.

Comme chez les Müller à Prague, Tugendhat offre une vue époustouflante, sur le jardin et sur Brno.




La villa est entourée par la nature, avec la vue sur les collines vertes de Brno, le petit jardin en pente mais aussi avec une véranda parallèle au salon.





Bibliotheque

La salle à manger, dont la paroi de séparation est concave, est meublée par une table ronde pouvant accueillir jusqu'au 24 invités, selon le nombre d'allonges mises en place. Pas de tableaux aux murs. Mies estimait que la nature alentour était la plus belle des décorations. Anecdote historique: lors de la discussion pour la séparation de la Tchécoslovaquie en deux, c'est dans cette pièce, sur cette table, que les deux présidents ont signé les documents.


Salle à manger

La cuisine, l'office et autres placards à vaisselle sont immenses et sûrement nécessaires quand il faut préparer un dîner de gala pour 24 personnes.

Les Tugendhat n'ont pu profiter que 8 ans de leur magnifique maison. Chassés par les nazis, ils ont émigré au Venezuela via la Suisse. Quand on sait que la villa leur a coûté 80 millions de couronnes, cela fait cher le loyer annuel...

Les deux grandes vitres de la salle à manger / salon peuvent monter et descendre. Ceci dit, chacune pèse plus ou moins 800 kg d’après le guide: la petite espagnolette ne sert donc pas à grand chose. Pour permettre de bouger ces deux vitres, deux moteurs (un par fenêtre) se trouvent dans la pièce juste en-dessous, au niveau technique.


Tant que nous sommes au niveau technique, c'est aussi ici que se trouvent le système de ventilation, de chauffage, le stockage à matériel de jardin d’été, la buanderie, le labo photo et ... l'armoire à manteaux. Pour combattre les mites, les manteaux se trouvaient dans une espèce de frigo dont l'air était chargé en naphtaline: plus de 50 ans plus tard, l'odeur est toujours présente.

Le système de ventilation est très élaboré: une pièce sert de mélangeur entre l'air aspiré de l’intérieur et l'air aspiré de l’extérieur, le tout étant réglable via un panneau de contrôle. Le mélange est envoyé dans la salle des filtres, où un premier filtre à huile débarrasse l'air de ses particules, le deuxième, un filtre à paille enlève les éventuelles gouttelettes d'huile qui pourraient donner une odeur désagréable. Enfin, cet air purifié est envoyé à travers un échangeur thermique où il est réchauffé (en hiver!) avant de passer dans la pompe et de là, être chassé vers les pièces à vivre.






La buanderie est ... vaste! Pour essayer de compléter, une pièce a été prêtée par un musée local. La machine à laver fonctionne à la vapeur, l'essoreuse à l'électricité.


Apres cette passionnante visite, nous nous promenons dans les jardins et savourons la fraîcheur toute relative du jour. Nous aurions encore tant de choses à raconter sur la villa...

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