mercredi 12 février 2014

Book Burning

Revenons, comme promis, sur ce spectacle "flamand". A la création : Pieter de Buysser, acteur, et Hans Op de Beeck, plasticien, pour un spectacle mêlant poésie et politique.

Image de l'invitation
La salle est intime et presque pleine. La scène s'ouvre sur une immense malle. Au fil de l'histoire, cette malle livrera ses trésors, cachés dans des compartiments secrets, et illustrant les lieux où se déroule cette fable. En quelle sorte, un cabinet des curiosités ambulant, qui ira jusqu'à révéler une nature morte du genre "vanitas" avec des objets stylisés à la Giorgio Morandi.



Giorgio Morandi
Un homme surgit. Il est à la fois narrateur omniscient et chat de Schrödinger, qui accompagnera l’héroïne, Tilda, tout au long de son voyage vers sa vérité. Les amateurs de physique quantique apprécieront, le chat étant théoriquement à la fois vivant et mort. Outre Tilda, il y a également son père, Sébastien, dont le corps s'illumine de plus en plus à mesure que ses connaissances augmentent et qui vit assailli de mites attirées par sa lumière. Il y a aussi "Personne", l'amoureux de Tilda, qui brûle des livres pour vivre non-déterminé.


Dans une interview, les créateurs souligne qu'aujourd'hui la contestation même est devenue désirable : les gouvernements peuvent alors dire « regardez comme je suis libéral ! ». Nous sommes libres de protester mais cela ne change rien. Ce système est extrêmement oppressif !



La question est donc de savoir comment se débarrasser des livres déjà écrits. Alors la réponse de Tilda est celle-ci : brûlons les livres pour se débarrasser du pré-déterminisme, brûlons l'histoire qui a été écrite pour nous et ré-écrivons notre propre vie. Utilisons notre imagination. Cessons de vivre par ce que d'autres ont décidé pour nous.

Et comme le soulignent toujours les créateurs, ce propos n'est pas sans rejoindre la tradition talmudique qui veut que la loi orale interprète la loi écrite. Rappelons-nous de ce vieux rabbin qui dit en jetant le livre de la sagesse : « Lisez les cendres". A la fin du récit, le chat balaie de sa queue les cendres du livre de la vie de Tilda et les rassemble en tas : lisez les cendres.

Le spectacle est dense, riche; chaque phrase donnerait à penser pendant des heures. L'auteur parvient même à y placer Dexia ! Bref, je sors du spectacle un peu sonnée et aurai besoin de plusieurs jours pour en saisir toute la richesse.

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