Lorsque l'association De Lantaarn (voir posts précédents) organise une visite, elle met l'accent sur la belgitude de l'endroit (au sens très large et très étiré du terme). Par une belle après-midi de printemps, les néerlandophones de Prague découvrent le couvent Saint-Gabriel et son église de Notre-Dame-de-la-Visitation. A l'origine les deux communiquaient, mais plus aujourd'hui.
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Portail d'entrée de l'église. Son gable est en attente d'un Gabriel |
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Rassemblement des troupes |
Pour mesurer l'ampleur de ma découverte, petit retour en arrière. Il était une fois une abbaye à Beuron, en Bavière. Fondée au XIe siècle, elle finit par se vider de ses occupants, essentiellement à cause de Napoléon. Mais en 1862, une mécène allemande décide de la repeupler. Succès. Une quarantaine d'abbayes bénédictines de type Beuron naissent de par le monde, mues par un même élan artistique: l'école de Beuron. Dont notre bonne abbaye de
Maredsous ! Les moteurs de cette école artistico-religieuse furent le Père Desiderius (Peter Lenz) et Gabriel Wuger. Sans oublier tous les moines bénédictins qui ont prêté leurs talents à d'autres abbayes, comme Jan Verkade, fils du fondateur de la célèbre biscuiterie.
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L'intérieur de l'église. Quel magnifique dessin ! |
Si la plupart des abbayes de type Beuron se trouvent en Allemagne et en Autriche, Prague n'a pas à rougir. Elle peut se targuer de 4 patrimoines beuroniens d'envergure : le couvent St Gabriel de cet après-midi, l'église du Sacré Coeur à seulement 100 m de là, le monastère d'Emmaüs et son église post- art-nouveau Ste Anne à "Žižkov" (Prague 3), et l'église de la Sainte famille à "Řepy" (Prague 6).
Le couvent fut fondée par une jeune comtesse, Gabrielle Sweerts-Šporková, qui voulait enter dans un ordre Beuron. Mais rien de Beuron à Prague à l'époque. Et hop ! Avec l'argent de maman elle se fait construire son propre couvent, qu'elle nomme Saint-Gabriel (comme elle...). Malheureusement, elle meurt avant la pose de la première pierre.
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Le Saint Gabriel, refait à l'identique, en attente de la cérémonie de son replacement sur le gable d'entrée. |
Succès du couvent. Mais après l'avènement de la première République Tchécoslovaque (1918), les soeurs revendent l'abbaye à bon prix au ministère des postes et télécommunications, sous condition que l'église continue à servir aux offices. Aujourd'hui encore cette condition est remplie chaque dimanche à 11:15. Cet exode est motivé par la pression du premier gouvernement tchécoslovaque sur les couvents abritant des non-tchèques. Le complexe demeure la propriété de la poste tchèque qui l'adapta aux besoins de son administration: faux plafonds, parois en plastique dégueu, fresques masquées par un affreux crépi blanchâtre... Puis la poste migre et les bâtiments sont laissés à l'abandon. La Fondation Malakim essaie de remédier à la situation et de sauver les fresques. Lourde tâche. Voyez les dégâts :
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Le cloître recouvert d'un toit |
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L'art de marier les colonnes d'angle et l'électricité |
Et les Belges alors ? Les architectes du Couvent St Gabriel ne furent autres que deux moines de Maredsous : Félix de Béthune et Felix de Hemptinne. Dont acte.
Le canon beuron ? En résumé :
1° nombre d'or : voir l'article sur Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_d%27or
2° simplicité des formes et des volumes
3° hiératisme
4° couleurs
4° retour aux sources avec influence marquante des différentes antiquités et prédominance de l'égyptienne
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Vierge Marie ou déesse Isis ? |
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Les deux ! |
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Chapiteau de colonne |
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Des anges |
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Sainte-Cécile, patronne des musiciens |
Cette école artistique a influencé des artistes comme l'architecte Jože Plečnik (voir post précédent), l'illustrateur Alfons Mucha ou le non moins célèbre Gustav Klimt.
Fin de partie dans l'ancien réfectoire devenu salle des fêtes de la Poste. L'ambassadeur des Pays-Bas nous offrira une boisson sur le parvis de l'église.
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