samedi 10 août 2013

Vila Müller - Quelques détails

Pour les amateurs d'architecture, promenade détaillée.

Passée la barrière métallique d'environ 1,5 mètre de haut et qui permet donc de bien voir la maison, on descend le long d'un chemin "tarmaqué" qui mène à la porte principale et qui continue vers le garage à côté de la maison et caché au regard. Pas très large ce chemin en courbes. Le chauffeur de M. Müller devait être un as du volant.

La porte principale est en retrait par rapport à la façade et donc protégée des intempéries. A droite de la porte, un banc en travertin et derrière celui-ci un grand bac à fleurs amovible cachant partiellement l'ouverture vers la réserve à charbon.

Le hall d'accueil de la maison est très simple, assez étroit, avec ses murs en carrelage vert, ses radiateurs rouges, son sol en terre cuite, son plafond bleu et ses placards en bois peint en blanc. Comme une transition entre la nature extérieure et l'intérieur de la maison. A l'époque de la construction, le quartier était moins construit et plus vert.





 Au bout du hall d'entrée, un escalier très simple, très étroit et presque caché. A l'inverse des majestueux escaliers des maisons classiques qui invitent le visiteur à les emprunter, chez les Müller, on sent que l'on doit attendre pour monter plus loin.

Notre guide enfile des gants blancs après avoir enfermé nos sacs dans le vestiaire d'origine.

La première volée d'escalier nous mène dans le salon, largement ouvert sur le paysage et avec terrasse. La taille de la pièce, immense, contraste avec l'étroitesse de la cage d'escalier et surprend les visiteurs.


Le salon

Un splendide marbre cipolin, provenant de Saillon (Suisse), revêt les parois. Ce marbre a des couleurs époustouflantes, sur un fond blanc-vert, d’épaisses nervures ondulées vertes et bleues courent dans la pierre.

Ici point de murs sol-plafond qui ferment la pièce mais des parois qui permettent d'entrevoir les autres niveaux de la maison. On devine les pièces plus haut sans en connaître la fonction.

Dans la paroi opposée à la terrasse, deux grands aquariums. Rares à l'époque. Parmi les fauteuils dessinés par Loos, celui de monsieur et de madame, de taille différente, adapté chacun à la morphologie de leur principal occupant.



Nous continuons la montée pour arriver après quelques marches dans la salle à manger, toute d'acajou vêtue, même au plafond. La salle à manger est assez petite comparée au salon. Au centre trône une table ronde en acajou toujours, que l'on peut graduellement agrandir via deux jeux d'allonges. Ces dernières ont leur propre stockage dans la partie office du niveau.  Au maximum de sa taille, la table peut accueillit 18 convives. Les chaises n'ont pas été dessinées par Loos mais sont des Chippendales anglaises. Enfin, disons que Loos a triché afin de diminuer le coût de la maison : il a fait venir une chaise d'Angleterre et en a fait faire 17 copies par un ébéniste tchèque. M. Müller, réputé avare, a du être content.

La salle à manger

L'escalade nous emmène ensuite dans le boudoir de Madame puis dans le bureau-bibliothèque de Monsieur. Chacune des pièces s'étale sur deux légers niveaux.

Le bureau est essentiellement en acajou, avec un feu ouvert  encadré de carreaux de Delft et donne à voir un mur tout blanc qui servait d'écran de projection. Oui, déjà, le Home Cinéma...


Le bureau

Le boudoir de Madame est d'une teinte beaucoup plus légère que celui de Monsieur et fait la part belle au citronnier, plus clair et plus doré. Une des ouvertures permet de surveiller ce qui se passe dans la salon plus bas. Le fenêtre à rue est placée assez haut et ne permet donc pas "surveiller" ce qui se passe dehors. Loos estimait qu'une lady n'avait pas à voir la vie dehors.


Le boudoir
L'ascension continue vers la chambre des parents. Elle donne aussi sur une terrasse. Contrairement aux moeurs de l'époque, mari et femme partagent une même chambre. Mais le lit y est immense ! Tout le mobilier est en poirier. 




Par contre chacun à son dressing. Loos en a étudié chaque détail et a fait exécuter par un ébéniste tchèque.

Le dressing de Monsieur est en chêne massif à l'extérieur, doublé d'une couche d'acajou à l'intérieur. Celui de Madame en érable. En cette fin de journée ensoleillée, la pièce a pris une superbe teinte dorée.

Monsieur

Madame
La robinetterie de la salle de bain a été importée d'Angleterre, de la firme Twyford pour être précis. Toujours en activité aujourd'hui. Et même si à l'époque Twyford n'a pas encore conçu de robinets mélangeurs pourtant largement fabriqués ailleurs, Loos insiste pour placer ces robinets là, bien moins pratiques mais selon lui magnifiques... Oui, Loos était fana de l'Angleterre au point d'oublier la fonction au détriment de l'esthétique, choix qu'il n'a fait nulle part ailleurs...




La chambre des enfants et leur salle de jeux sont d'une simplicité contrastant avec le reste de la maison. Au sol, pas de somptueux tapis mais du linoléum rouge choisi pour son côté lavable et hygiénique. Dans un coin de la pièce et séparé du reste de la pièce par un rideau, un petit lit de "quarantaine" pour l'enfant malade et un autre lit pour la nurse ou le docteur chargés de veiller sur le petit malade.




Nous nous arrêtons un instant dans le labo photo de Mr Müller avant d’accéder au dernier niveau, le salon d'été, jouxtant une immense terrasse, la plus grande de la villa. Toujours avec la vue époustouflante sur la ville. Le salon servait à mettre en valeur la collection d'estampes japonaises de propriétaires et est décoré dans un goût japonisant. Il servait aussi de salle à manger d'été pour que la famille puisse prendre ses repas en ayant une vue sur la vallée.




Après avoir emprunté l'escalier "noble", nous empruntons l'escalier de service pour descendre visiter les parties techniques de la villa : la chaufferie, la buanderie avec ses deux immenses et profonds éviers en pierre, le garage et le studio du chauffeur, seul employé vivant à la villa.



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