mardi 20 août 2013

Ambiance Brésilienne

Pour ceux qui ne connaissent pas, un restaurant brésilien c'est un peu le paradis des mangeurs de viande: les serveurs passent entre les tables avec de gros blocs juteux et coupent l'une ou l'autre tranche sur l'assiette des dévoreurs qui en font la demande.



Nous avons trouvé un restaurant à Prague qui propose cette formule: Ambiente Brasileiro. En fait, Ambiente semble être un groupe comprenant entre autres La Dégustation Bohême Bourgeoise dont nous avons déjà parlé dans Pragabondage, mais aussi Hospoda, la taverne tchèque à New York que nous avions mentionnée sur le blog avant notre départ.


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En façade, un drapeau brésilien flotte, preuve de notre arrivée à bonne destination. Nous sommes un peu sceptiques : attrape-touriste ou pas? Nous entrons.




Le restaurant n'est pas très vaste, mais cela est aussi du à la séparation entre les fumeurs et les non-fumeurs: les premiers sont à l’étage, les autres en bas. La décoration est un mix entre la sobriété japonaise, avec des caractères affichés au mur et servant de cache, et du plus chargé, comme le plafond illuminé par dessous présentant des photos d'animaux. Ce mélange donne bien et est accueillant. L'impression du piège à touristes disparaît peu à peu.


La partie non fumeurs



Nous optons tous les deux pour le formule viande eat as much as you can, qui comprend aussi le buffet salade à volonté. Salade est un terme générique et s'applique très généreusement à des huîtres, des sushis, du saumon sous différentes formes et ainsi de suite.



Mais n’étant pas là pour taquiner la verdure, nous attendons bien gentiment les serveurs en sirotant nos
Piña colada et un petit verre de Sekt, le champagne façon tchèque.

La valse commence avec des crevettes au barbecue, que nous regardons avec un peu d'angoisse: elles sont entières, les bougresses, il va falloir y aller à la rude, mano a mano. Le serveur nous regarde et apporte deux rinces-doigts, merci m'sieur!


Suivent alors différentes pièces de différents animaux: mouton, agneau, boeuf, poulet et porc, saumon et tilapia. Après 7 ou 8 passages, nous déclarons forfait: nos jours de Competitive Eating sont derrière nous! Tout est parfaitement cuit et a du goût.

La partie fumeur
Au final, un bon petit endroit pour les amateurs de barbaque, dans un chouette cadre et sans la fumée habituellement associée aux restaurants de Prague. A recommencer quand nous le pourrons.

Toutes les photos proviennent du site Internet du restaurant : http://brasileiro-uradnice.ambi.cz/en/#index. Elles correspondent bien à la réalité.

vendredi 16 août 2013

Orages, ô désespoir et promenade qui monte et qui descend

Ces deux derniers jours, la météo ne nous gâte pas: nous essuyons orage sur orage, et durant la nuit, cela "éclairait" moins que ça ne clignotait, avec un éclair toute les secondes ou plus ou moins. Malheureusement, comme cela s'est passé au milieu de la nuit, je n'ai pas eu l'occasion de faire une photo ou une vidéo.

Après l'orage, un semblant de fraîcheur, vite oubliée avec le retour de la moiteur habituelle. Même les tchèques disent que ce n'est pas normal! Un dimanche après-midi a vu le thermomètre monter à 36C. Chaud, chaud, chaud!

Pour essayer de trouver un semblant de fraîcheur, nous prenons le bus et nous dirigeons vers Divoká Šárka, une réserve naturelle au nord-ouest de Prague où se trouve aussi une piscine, que nous n'avons pas l'intention de visiter. Divoká veut dire sauvage et Šárka est une héroïne légendaire de Prague qui se serait jetée du haut d'une falaise dans la gorge qui coupe les lieux en deux.


L'entrée dans la réserve se fait par derrière un restaurant McDonald's, où nous nous arrêtons pour un rafraîchissement avant de nous embarquer dans l'aventure et l'inconnu. Puis nous plongeons dans la nature sauvage. Enfin, presque: la piste est tarmaquée, il s'agit en fait d'un itinéraire à vélo longeant la grand route, Evropska. De part et d'autre du chemin, des sentiers montent vers les points de vue, que nous explorerons plus tard, quand il fera moins chaud.


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Nous ne remarquons que très peu que, mine de rien, le chemin descend. Et tout ce que l'on descend, il faut le remonter. Au plus bas, après avoir passé la piscine, nous avons le choix: une route courte mais qui monte à 40% ou un chemin ... non précisé. Nous prenons la deuxième option.




Et là, les deux gros montrent leur manque de condition physique: soufflements, essoufflements, "petites" haltes et ainsi de suite, émaillent la remontée. Si la descente était en pente douce, la remontée est plutôt violente. Mais nous y arrivons et nous retrouvons dans Prague 6, plus précisément dans la partie appelée Vokovice. Le destin nous mène devant une pâtisserie qui nous tend les bras, comment refuser? Et juste à côté, l'arrêt du X20, le bus qui remplace le tram pour cause de gros travaux sur les voies.

Retour casa.

Juste à temps pour une volée suivante de pluie: à peine le temps de fermer la porte d'entrée que des gouttes commencent à tomber, le vent à souffler et les éclairs à péter. Bref, de nouveau le ciel qui tombe. Dru.

Lorsque la douche se termine, nous décidons d'aller faire notre petit tour au restaurant indien en bas de la rue, Indian By Nature 2. Et là, nous voyons les dégâts: des branches ont été arrachées des différents arbres et sont dans la rue, sur les trottoirs, au milieu de la rue ...




Lundi, en partant au travail ou faire les courses, le même spectacle de désolation se répète un peu partout dans la ville. Prochaine pluie annoncée pour mercredi. Espérons que cela soit un peu plus calme. Même spectacle désolant dans le jardin jouxtant l'ambassade.



mardi 13 août 2013

Vila Tugendhat

Le lendemain de notre visite de la vila Müller, nous voilà chemin pour Brno et la vila Tugendhat. Nous nous réjouissons de la voir car notre guide hier a fait quelques points de comparaison entre ces deux bâtiments, conçus et construits à la fin de années '20.

Vue de la rue
Tugendhat est du à Ludwig Mies van der Rohe, un architecte allemand né à Aachen et mort à Chicago. Il est célèbre à New York pour le Seagram Building. Les Tugendhat sont issus d'une vieille famille d'industriels de Brno.

L'entrée, discrète, se fait à droite de la rotonde vitrée, là où il y a le +
Si Müller est un long parallélépipède rectangle vertical, Tugendhat est horizontal, moins monolithique même si les volumes en sont simples. Le terrain est en pente comme à Prague.

Vue du jardin
Pour une visite virtuelle en 360°, voyez le site suivant :
http://www.jizni-morava.info/virtualni-prohlidky/?id=267

Avant d'entamer le parcours, chaque visiteur pose ses pieds dans un appareil thermo quelque-chose qui scelle une feuille en plastique sur les semelles. En effet - et les Tugendhat s'en sont plaint - le revêtement de sol (un lino très clair) est extrêmement salissant. D'où un minimum de protection nécessaire avec les dizaines de visiteurs par jour.

Mies a conçu la maison de façon "classique" avec un étage à vivre, un à dormir et un technique. A rue, nous trouvons l'étage à dormir avec une chambre distincte pour madame et monsieur et leur dressing respectif. La hauteur sous plafond est impressionnante et les portes ont près de 3 mètres de haut. Les matériaux utilisés pour les revêtements intérieurs sont peu nombreux, essentiellement du travertin, du bois de palissandre et du bois de Macassar.

Escalier vers l'étage à vivre
Ce qui frappe en entrant dans l'étage à vivre, c'est le volume, l'ouverture, la lumière qui entre à flot via d'immenses baies vitrées. Deux de ces immenses vitres peuvent d'ailleurs coulisser via un mécanisme caché dans la cave. Les vitres descendant dans un logement spécial parallèle à la façade.


Le salon
Le salon

























Les nazis et les communistes ont - une fois de plus - fortement endommagé la villa. Peu après WWII, les communistes avaient d'ailleurs transformé le salon en écurie. Ils se rattrapent à la fin des années '60 en entamant timidement une réhabilitation de la villa, tout en mettant des bâtons dans les roues des défenseurs de l'oeuvre de Mies. Ils ne voulaient pas restaurer la maison telle qu'à son origine mais la rendre vivable pour les invités de marque de la ville. Ni l'aspect historique ni le tourisme n'entraient dans leurs objectifs. Heureusement le vent de l'histoire a tourné.

Arrive le moment où les restaurateurs s'attaquent aux baies vitrée du salon. Comme il n'existait plus personne en Tchéquie pour couler ces immenses surfaces (environ 5 x 3 m sur 1 cm d'épaisseur) d'un verre anti-reflet, nouveauté de l'époque, ce fut à une firme belge (cocorico!) que l'on confia le travail d'après un morceau d'une vitrine originale retrouvé dans le jardin. La maison est aujourd'hui classée au Patrimoine Mondial de l'Unesco.

Comme chez les Müller à Prague, Tugendhat offre une vue époustouflante, sur le jardin et sur Brno.




La villa est entourée par la nature, avec la vue sur les collines vertes de Brno, le petit jardin en pente mais aussi avec une véranda parallèle au salon.





Bibliotheque

La salle à manger, dont la paroi de séparation est concave, est meublée par une table ronde pouvant accueillir jusqu'au 24 invités, selon le nombre d'allonges mises en place. Pas de tableaux aux murs. Mies estimait que la nature alentour était la plus belle des décorations. Anecdote historique: lors de la discussion pour la séparation de la Tchécoslovaquie en deux, c'est dans cette pièce, sur cette table, que les deux présidents ont signé les documents.


Salle à manger

La cuisine, l'office et autres placards à vaisselle sont immenses et sûrement nécessaires quand il faut préparer un dîner de gala pour 24 personnes.

Les Tugendhat n'ont pu profiter que 8 ans de leur magnifique maison. Chassés par les nazis, ils ont émigré au Venezuela via la Suisse. Quand on sait que la villa leur a coûté 80 millions de couronnes, cela fait cher le loyer annuel...

Les deux grandes vitres de la salle à manger / salon peuvent monter et descendre. Ceci dit, chacune pèse plus ou moins 800 kg d’après le guide: la petite espagnolette ne sert donc pas à grand chose. Pour permettre de bouger ces deux vitres, deux moteurs (un par fenêtre) se trouvent dans la pièce juste en-dessous, au niveau technique.


Tant que nous sommes au niveau technique, c'est aussi ici que se trouvent le système de ventilation, de chauffage, le stockage à matériel de jardin d’été, la buanderie, le labo photo et ... l'armoire à manteaux. Pour combattre les mites, les manteaux se trouvaient dans une espèce de frigo dont l'air était chargé en naphtaline: plus de 50 ans plus tard, l'odeur est toujours présente.

Le système de ventilation est très élaboré: une pièce sert de mélangeur entre l'air aspiré de l’intérieur et l'air aspiré de l’extérieur, le tout étant réglable via un panneau de contrôle. Le mélange est envoyé dans la salle des filtres, où un premier filtre à huile débarrasse l'air de ses particules, le deuxième, un filtre à paille enlève les éventuelles gouttelettes d'huile qui pourraient donner une odeur désagréable. Enfin, cet air purifié est envoyé à travers un échangeur thermique où il est réchauffé (en hiver!) avant de passer dans la pompe et de là, être chassé vers les pièces à vivre.






La buanderie est ... vaste! Pour essayer de compléter, une pièce a été prêtée par un musée local. La machine à laver fonctionne à la vapeur, l'essoreuse à l'électricité.


Apres cette passionnante visite, nous nous promenons dans les jardins et savourons la fraîcheur toute relative du jour. Nous aurions encore tant de choses à raconter sur la villa...

Plus de photos sur ma page Google+

samedi 10 août 2013

Vila Müller - Quelques détails

Pour les amateurs d'architecture, promenade détaillée.

Passée la barrière métallique d'environ 1,5 mètre de haut et qui permet donc de bien voir la maison, on descend le long d'un chemin "tarmaqué" qui mène à la porte principale et qui continue vers le garage à côté de la maison et caché au regard. Pas très large ce chemin en courbes. Le chauffeur de M. Müller devait être un as du volant.

La porte principale est en retrait par rapport à la façade et donc protégée des intempéries. A droite de la porte, un banc en travertin et derrière celui-ci un grand bac à fleurs amovible cachant partiellement l'ouverture vers la réserve à charbon.

Le hall d'accueil de la maison est très simple, assez étroit, avec ses murs en carrelage vert, ses radiateurs rouges, son sol en terre cuite, son plafond bleu et ses placards en bois peint en blanc. Comme une transition entre la nature extérieure et l'intérieur de la maison. A l'époque de la construction, le quartier était moins construit et plus vert.





 Au bout du hall d'entrée, un escalier très simple, très étroit et presque caché. A l'inverse des majestueux escaliers des maisons classiques qui invitent le visiteur à les emprunter, chez les Müller, on sent que l'on doit attendre pour monter plus loin.

Notre guide enfile des gants blancs après avoir enfermé nos sacs dans le vestiaire d'origine.

La première volée d'escalier nous mène dans le salon, largement ouvert sur le paysage et avec terrasse. La taille de la pièce, immense, contraste avec l'étroitesse de la cage d'escalier et surprend les visiteurs.


Le salon

Un splendide marbre cipolin, provenant de Saillon (Suisse), revêt les parois. Ce marbre a des couleurs époustouflantes, sur un fond blanc-vert, d’épaisses nervures ondulées vertes et bleues courent dans la pierre.

Ici point de murs sol-plafond qui ferment la pièce mais des parois qui permettent d'entrevoir les autres niveaux de la maison. On devine les pièces plus haut sans en connaître la fonction.

Dans la paroi opposée à la terrasse, deux grands aquariums. Rares à l'époque. Parmi les fauteuils dessinés par Loos, celui de monsieur et de madame, de taille différente, adapté chacun à la morphologie de leur principal occupant.



Nous continuons la montée pour arriver après quelques marches dans la salle à manger, toute d'acajou vêtue, même au plafond. La salle à manger est assez petite comparée au salon. Au centre trône une table ronde en acajou toujours, que l'on peut graduellement agrandir via deux jeux d'allonges. Ces dernières ont leur propre stockage dans la partie office du niveau.  Au maximum de sa taille, la table peut accueillit 18 convives. Les chaises n'ont pas été dessinées par Loos mais sont des Chippendales anglaises. Enfin, disons que Loos a triché afin de diminuer le coût de la maison : il a fait venir une chaise d'Angleterre et en a fait faire 17 copies par un ébéniste tchèque. M. Müller, réputé avare, a du être content.

La salle à manger

L'escalade nous emmène ensuite dans le boudoir de Madame puis dans le bureau-bibliothèque de Monsieur. Chacune des pièces s'étale sur deux légers niveaux.

Le bureau est essentiellement en acajou, avec un feu ouvert  encadré de carreaux de Delft et donne à voir un mur tout blanc qui servait d'écran de projection. Oui, déjà, le Home Cinéma...


Le bureau

Le boudoir de Madame est d'une teinte beaucoup plus légère que celui de Monsieur et fait la part belle au citronnier, plus clair et plus doré. Une des ouvertures permet de surveiller ce qui se passe dans la salon plus bas. Le fenêtre à rue est placée assez haut et ne permet donc pas "surveiller" ce qui se passe dehors. Loos estimait qu'une lady n'avait pas à voir la vie dehors.


Le boudoir
L'ascension continue vers la chambre des parents. Elle donne aussi sur une terrasse. Contrairement aux moeurs de l'époque, mari et femme partagent une même chambre. Mais le lit y est immense ! Tout le mobilier est en poirier. 




Par contre chacun à son dressing. Loos en a étudié chaque détail et a fait exécuter par un ébéniste tchèque.

Le dressing de Monsieur est en chêne massif à l'extérieur, doublé d'une couche d'acajou à l'intérieur. Celui de Madame en érable. En cette fin de journée ensoleillée, la pièce a pris une superbe teinte dorée.

Monsieur

Madame
La robinetterie de la salle de bain a été importée d'Angleterre, de la firme Twyford pour être précis. Toujours en activité aujourd'hui. Et même si à l'époque Twyford n'a pas encore conçu de robinets mélangeurs pourtant largement fabriqués ailleurs, Loos insiste pour placer ces robinets là, bien moins pratiques mais selon lui magnifiques... Oui, Loos était fana de l'Angleterre au point d'oublier la fonction au détriment de l'esthétique, choix qu'il n'a fait nulle part ailleurs...




La chambre des enfants et leur salle de jeux sont d'une simplicité contrastant avec le reste de la maison. Au sol, pas de somptueux tapis mais du linoléum rouge choisi pour son côté lavable et hygiénique. Dans un coin de la pièce et séparé du reste de la pièce par un rideau, un petit lit de "quarantaine" pour l'enfant malade et un autre lit pour la nurse ou le docteur chargés de veiller sur le petit malade.




Nous nous arrêtons un instant dans le labo photo de Mr Müller avant d’accéder au dernier niveau, le salon d'été, jouxtant une immense terrasse, la plus grande de la villa. Toujours avec la vue époustouflante sur la ville. Le salon servait à mettre en valeur la collection d'estampes japonaises de propriétaires et est décoré dans un goût japonisant. Il servait aussi de salle à manger d'été pour que la famille puisse prendre ses repas en ayant une vue sur la vallée.




Après avoir emprunté l'escalier "noble", nous empruntons l'escalier de service pour descendre visiter les parties techniques de la villa : la chaufferie, la buanderie avec ses deux immenses et profonds éviers en pierre, le garage et le studio du chauffeur, seul employé vivant à la villa.



vendredi 9 août 2013

Vila Müller

Le hasard des agendas fait que nous visitons à un jour d'intervalle deux importants témoins de l'architecture du XXe siècle. D'une part la Vila Müller à Prague (oui, vila ne prend qu'un seul "l" en tchèque) et la Vila Tugendhat à Brno, au sud-est de Prague, à deux bonnes heures de route.

L'une comme l'autre villa ne se visitent que sur rendez-vous, toujours avec un guide et en petits groupes. Autre point commun, elles sont connues sous le nom de leur premier propriétaire et maître d'oeuvre et non sous le nom de leur célèbre architecte. Voyez le site de la vila Müller : http://www.mullerovavila.cz/?q=english

Pas de photos de la vila Müller. Strictement interdit, même moyennant paiement. Chef d'oeuvre d'Adolf Loos, architecte né à Brno, à l'époque dans l'empire austro-hongrois (la Tchécoslovaquie ne naîtra qu'après la première guerre mondiale) et souvent considéré comme autrichien.


Loos lui-même considérait cette villa comme son chef d'oeuvre, réalisé à la fin de sa vie et probablement le dernier ouvrage entièrement de sa main.


L'originalité de Loos (parmi d'autres) est l'organisation de l'habitat en "raumplan" : pas d'étages bien distincts comme le voulait la tradition avec l'étage à vivre, l'étage à dormir ou l'étage "technique". Chaque pièce, de taille et de hauteur différente selon sa fonction, est agencée le long d'un escalier central, comme une spirale qui se déroule au milieu de la maison. La villa Müller compte environ 15 plateaux, y compris les espaces techniques que Loos détestait concevoir et qu'il confiait à ses collaborateurs. Cette organisation en hauteur est née aussi de la configuration du terrain, tout en pente, au bord d'une des nombreuses collines de Prague.

Peu d'ouvertures du côté rue comme vous pouvez le voir sur la photo. Toute la lumière entre par l'arrière qui donne sur une magnifique vue de Prague, en particulier sur la Cathédrale, le Palais Trojá et le Jardin Botanique. Quand on visite la villa, on se rend vite compte que Mr. Müller devient être bien riche pour se permettre non seulement le concours de Loos, mais aussi des marbres suisses colorés de verts et de bleus, des bois précieux, des tapis persans ou encore de la robinetterie directement importée d'Angleterre. L'heureux propriétaire avait fait fortune dans le béton armé qu'il introduisit en Tchécoslovaquie et qu'il vendra abondamment à l'Etat pour construire un mur de protection vis-à-vis de l'Allemagne. Sa maison sera aussi une vitrine consacrée à l'art du béton armé.

Comme toutes ces prestigieuses villas, celle-ci a été malmenée par les communistes. Ils ont presque réussi à la ruiner de fond en comble. Mais de courageux amateurs d'histoire et des fonds européens ont permis de restaurer la villa, y compris ses meubles et décorations. Et quand il était impossible de retrouver les originaux, des copies conformes ont été mises en place. Comme souvent depuis l'Art nouveau, l'architecte est aussi un designer qui conçoit chaque élément de la maison, qu'il soit décoratif ou plus technique.

Magnifique travail de restauration qui rend hommage à Loos et à son art subtil qui doit encore un peu à l'Art Nouveau mais qui s'en détache en le simplifiant et y ajoute une touche British qu'il affectionnait. La villa appartient aujourd'hui à la ville de Prague. Un gardien y habite dans l'ancien studio du chauffeur de Müller, visiblement l'employé de maison le plus important.


mardi 6 août 2013

U Zlaté Studně (Au puits d'Or)

L’hôtel U Zlaté Studně et son restaurant réputé se trouvent à Malá Strana directement sous les murailles du Château, à côté des jardins du palais et à proximité immédiate des bâtiments du parlement. L'endroit est calme, l'entrée perdue au fond d'un dédale de ruelles en pente, à l'abri de la foule mais néanmoins proche du Pont Charles, des jardins du Château ou de l’église Saint-Nicolas.


Le bâtiment de l’hôtel trouve son origine au 16ème siècle quand il appartenait à l’empereur Rodolphe II, qui en fit don au célèbre astronome Tycho Brahe.


L'établissement s'accroche à la colline et s'étale sur plusieurs étages séparés par des terrasses sympa. Celle du resto offre une vue époustouflante sur la ville.


Et quand s'y ajoute la très grande qualité  de la cuisine, classique et un personnel attentif mais discret, l'établissement devient un must de la scène culinaire pragoise.


Lorsque le soir tombe sur la ville, le repas devient un enchantement.


A fréquenter par beau temps.

samedi 3 août 2013

L'Ossuaire de Sedlec

En banlieue actuelle de Kutná Hora, notre première halte nous amène aux restes de l'abbaye de Sedlec, à son cimetière et à l’église de ce dernier, l'église de Tous les Saints, contenant le fameux ossuaire (Kosnitce en tchèque, bon à savoir pour suivre les plaques routières...).

L'accueil
Une abbaye cistercienne s'installe à Sedlec bien avant l'essor de Kutná Hora et ses mines d'argent. Au 13e siècle, un abbé rapporte une poignée de terre du Tombeau de Jésus à Jérusalem, qu'il disperse sur le cimetière. Du coup, tout le monde veut être enterré dans cette terre sainte, y compris les très nombreuses victimes de diverses épidémies de peste en Europe ou des guerres de religion. Même des "Belges" avaient exprimé le souhait d'être enterrés à Sedlec.


En descendant vers la crypte
Ce qui explique l'impressionnant nombre d'os humains dans le cimetière et l'initiative d'un moine à moitié aveugle de les ranger en pyramide en 1511. Au nombre de 8, elles font certainement 2,5 m de haut.

Détail d'une pyramide
L'initiative de ce moine en entraîne d'autres et la crypte s'emplit d' "oeuvres" diverses dont cet immense lustre-chandelier. La photo n'est pas très bonne mais l'ensemble est impressionnant.


Et donc partout, partout, partout des crânes, des tibias, des sacrum, des fémurs et autres os humains que je ne reconnais pas.







Certains crânes servaient aussi de bougeoirs, coulées de cire comprises comme ci-dessous.



Et le clou du spectacle, cette oeuvre immense.


Une visite intrigante qui met certains visiteurs mal à l'aise. Ces derniers sortent rapidement de la crypte. D'autres, comme moi, n'en croient pas leurs yeux et s'étonnent de l'imagination humaine.